Black City Tour : La Chronique

Débarquée à temps pour les fêtes de fin d’année, l’onde lumineuse du Black City Tour d’Indochine a envahi tous les bons disquaires.

Nicola Sirkis évoquait Black City Parade comme étant l’un des “albums les plus lumineux du groupe”. Ce Black City Tour n’a fait que confirmer ses propos, les amplifier même.

Au-delà du succès technique et commerciale de cette tournée, celle-ci fut habillée de lumières colorées et cohérentes. Chaque lettre de la pochette semble être comme des néons lumineux, éclairant notre ville, la dévoilant sous différents aspects.

81g1Q1ZJydL._SL1500_ Comme nous le démontre l’ondulation rouge, ornant les Box Collector, l’électroencéphalogramme d’Indochine est loin d’être plat. Il est lumineux, travaillé et animé.

Indochine est en vie et il vit bien.

Ce live nous plonge au coeur de l’exploration de la ville noire imaginée par Indochine.  L’atmosphère y est prenante, bouillonnante, mystérieuse et fascinante.

Pour l’occasion, Indochine a soigné les supports physiques : Boîte Deluxe, Double CD, Double DVD, Blu-Ray et un magnifique quadruple vinyles.

La Box Collector respire l’oeuvre tournante d’une scénographie pensée, réfléchie et fantasmée par Nicola depuis très longtemps.

Du rangement des galettes jusqu’au sticker des bras de Nicola, tout tourne à 360 degrés.

71kql48CDvL._SL1500_Nul ne sait ce qui viendra après, mais cette tournée constitue l’aboutissement technique d’un rêve devenu réalité pour Indochine et ses admirateurs : plonger le public au coeur de l’imagerie du groupe, en perspective et en temps réel.

Le Black City Tour a fait tourner les têtes, notamment grâce à son dispositif sans précédent, communément appelé le “Serpent”, puisqu’il se dépliait lentement et délicatement, à la manière du reptile.

vlcsnap-2014-12-30-16h28m54s205Nicola a souvent utilisé l’expression d’une tournée en “trois dimensions”. Avec du recul, il n’avait absolument pas menti. Il s’agit d’une tournée évolutive, d’une progressivité pensée en plusieurs dimensions.

Il suffit de regarder les trois actes de la tournée à travers la montée en puissance de la mise en scène et des artifices, ces ellipses du logo de la tournée ou bien la fameuse tridimensionnalité des concerts.

Ce dernier point, développé par IndoClips dans son analyse du clip de Belfast, est particulièrement saisissant.

Nicola fait le tour des gradins (première ellipse rotative colorée), puis le « Serpent », deuxième ellipse tournante colorée, vient nous encercler, et enfin, Nicola s’approche encore davantage, fait le tour complet du premier rang de l’avancée et fait monter sur scène une personne, pour une ultime embrassade elliptique.

Screen 40 BelfastScreen 24 Belfastvlcsnap-2014-12-30-16h19m17s65vlcsnap-2014-12-30-16h30m59s200L’incorporation d’images sur écrans en 3D et le jeux des perspectives illustre bien l’idée dimensionnelle également.

L’évolution des visuels, qui bien qu’un peu répétitifs, colle aussi parfaitement à cette idée : Memoria ou le début d’un quartier de la ville noire, puis l’apparition de la ville noire mystérieuse dans la pochette de Black City Parade pour, enfin, terminer au coeur même de l’exploration de cette ville noire très lumineuse, avec des sommets d’immeubles ou des tours rouges et la présence d’une arène, liée au Black City Tour

Indochine-MemoriawallpaperbcpindoshopIndochine_wallpaper_IndoshopDès l’introduction du DVD, nous sommes déjà plongés dans l’univers de cette tournée.

Indochine a conservé la bonne habitude de soigner ses menus et interfaces.

L’illustration des fenêtres allumées puis éteintes provoquent une certaine excitation à regarder ce qui va suivre. Ce décor, plus précis encore de la ville noire, nous invite à explorer davantage ce qu’elle recouvre, au rythme de ces fenêtres qui s’illuminent en cadence…

L’immersion est parfaite.

vlcsnap-2014-12-30-15h47m39s25vlcsnap-2014-12-30-15h48m37s67vlcsnap-2014-12-30-15h45m35s242Le concert du Palais 12, peut, sous certains aspects, ne pas représenter l’intensité des concerts de l’ensemble de la tournée mais a présenté un joli challenge pour une salle jusqu’ici peu connue et maîtrisée par les artistes et leurs équipes.

Il s’agit d’une salle récente, mais surtout d’une salle belge de 14 000 places. Lieu tentant pour capter un live chez Indochine.

La première impression du live se résume facilement : émotionnel, charnel, fusionnel.

Le concert se déroule, vite, très vite. La ville noire défile, avance, évolue, s’illumine, puis s’éteint, telle une comète de passage dans le ciel. Comme la vie. Comme les étoiles…

Le résultat sonore est bon. Il n’est pas parfait mais il a été soigné. Il ressort une impression de nuances des instruments et une palette recréant les sensations du live, tout à fait satisfaisantes.

Ce son est prenant, l’énergie “live” qui s’en dégage est réelle mais surtout, fidèle.

Le parti pris d’Indochine, consistant à garder une trace “live” plus réelle qu’artificielle se vérifie de nouveau en laissant, volontairement, des séquences “salles” liée à l’authenticité du concert.

Il faut préciser qu’un album live très retravaillé perd forcément une partie de son âme, même si, il faut inévitablement reconditionner un tel enregistrement, qui ne peut être servi en l’état.

La salle ne semblait pas évidente, le son aurait pu paraître trop mat, mais ce n’est pas le cas et c’est à souligner. La voix de Nicola peut avoir tendance à s’étouffer mais ce n’est jamais déroutant ou déstabilisant. Cela étant, les trois titres bonus ont l’air moins travaillés, avec quelques bizarreries vocales, entraînant ainsi un petit bémol sur le son. Rien de rédhibitoire malgré tout.

Le Blu-Ray mentionne un son 5.0 DTS. Suivant l’installation que vous possédez, vous aurez l’opportunité de profiter de votre Blu-Ray de deux manières :

  • En stéréo, donc sur deux canaux qui vont virtualiser les cinq canaux initiaux
  • En DTS, sur 5 canaux (deux avants, deux arrières et un central)

Ce dernier choix offrira une plus grande immersion et un son non compressé, délivrant une plus grande richesse et un large panel d’émotions.

Le son 5.0, au lieu du 5.1 habituel, semble signifier que la captation s’est faite à l’aide de microphones 5.0 qui captent le son pour un meilleur rendu spatial à 360°. Les bonus du DVD n’abordent pas ces questions techniques qui sont pourtant passionnantes.

En tout cas, le challenge semblait complexe : Comment restituer, à l’aide d’une captation live, ce que les spectateurs ont pu admirer à 360° lors des concerts ? Où placer les caméras ?

Le groupe a semblé, de nouveau, vouloir mêler gigantisme et intimité.

Sur un morceau comme Wuppertal, on peut voir des plans “fonds de salle” suivi d’un gros plan sur Nicola ou sur la belle Alice, danseuse étoilée. Le groupe offre également des vues aériennes, ainsi que des prises vues depuis la foule, à la manière des vidéos amateurs que l’on peut voir surgir rapidement sur la toile, après un spectacle.

vlcsnap-2014-12-30-16h35m19s233Un concert d’Indochine pourrait être capté de mille manières différentes avec des partis pris divers en terme de point de vue. Le groupe n’a pas semblé vouloir choisir et a privilégié une variété d’images et d’angles de vues, pouvant parfois sembler trop nombreux.

vlcsnap-2014-12-30-16h06m15s184En théorie, il est judicieux, au montage, de multiplier les angles de vues pour donner du rythme, notamment dans le cadre d’une captation live, mais une certaine cohérence artistique doit être conservée.

Ici, la variation des angles finit par détonner, par heurter même l’oeil le moins aiguisé.

Nous sommes parfois baladés par des prises de vue d’en haut, de l’intérieur façon “téléphone portable”, des gradins, des ralentis, de (longs) plans sur les fans, ou encore par l’utilisation hasardeuse de GoPro.

Paradoxalement, les plans larges sur le groupe sont assez rares. Puis, on voit très peu les trois musiciens de derrière.

vlcsnap-2014-12-30-16h40m44s149Une meilleure cohérence visuelle aurait pu s’envisager, même si les angles sont superbes et les images parfois sublimes…

vlcsnap-2014-12-30-16h06m34s122Reprenons l’exemple de Wuppertal, à 3 minutes 20 secondes sur la vidéo officielle (https://www.youtube.com/watch?v=5v_z9yDuazY), lorsque résonne le premier refrain et que la musique s’emporte, le montage semble se perdre.

Auparavant calme et travaillé – on a même pu apercevoir de jolis raccords regards de Nicola sur les écrans qui se baladent dans la foule – celui-ci s’emporte et semble n’être régi par aucune règle. Le groupe a voulu tout montrer, les jets de fumée, le public, les musiciens, les écrans…

Ainsi, les images s’enchaînent sans réelle homogénéité, même si le défi de retranscription d’une telle mise en scène était, évidemment, difficile à effectuer.

vlcsnap-2014-12-30-16h14m19s182vlcsnap-2014-12-30-16h13m14s44Rien de grave, il faut bien donner du dynamisme au montage, pour conserver l’attrait d’un film d’une durée d’environ 2H30.

Par ailleurs, le grain de l’image semble être la question qui revient le plus souvent sur les forums.

Il faut, tout d’abord, préciser que filmer dans l’obscurité n’est pas chose aisée. La caméra doit être suffisamment puissante pour capter les variations de noir, et si ce n’est pas le cas, elle compense comme elle peut et cela génère un certain grain à l’image.

Il est possible que le groupe ait utilisé des caméras insuffisamment puissantes pour la captation.

vlcsnap-2014-12-30-16h38m04s92vlcsnap-2014-12-30-16h29m24s20Peut-être ont-ils privilégié la mobilité des caméras à leur qualité ?

Faites le test vous-même et comparez, vous ne verrez pas de grain dans les séquences acoustiques, notamment pour “A L’Assaut”. Or, le grain est extrêmement présent sur l’introduction de Black City Parade et sur l’ouverture des écrans, qui se trouve précisément dans une forte obscurité.

La fin du concert est très brutale, presque violente. Sans doute un souhait assumé mais qui ne caractérise pas la meilleure sensation pour se retirer.

Les prises de vue du plafond de la salle sont impressionnantes et permettent de mieux se rendre compte de la prouesse technique que constitue le « Serpent » et ses petits.

vlcsnap-2014-12-30-16h22m21s130Les coupures entre les morceaux, agrémentées d’interviews de fans ont également fait couler un peu d’encre. Ces séquences ont leurs avantages et leurs inconvénients. Elles permettent d’insister sur le morceau à venir, de le mettre en valeur et de lui insuffler une nouvelle dimension. La coupure permet aussi une respiration pour mieux y retourner.

A l’inverse, nous perdons contact avec la réalité de l’instant, du véritable concert et des instants vécus, pour ceux qui sont allés à un concert du Black City Tour.  Des moments du concert ne sont donc pas montrés et cela peut nuire à l’ambiance, et surtout, casser le rythme instauré. Enfin, ces interviews peuvent paraître superflues dans la mesure où elles sont déjà très présentes dans le making-of.

C’est un choix artistique défendable, mais qui semble paradoxal au sein d’un live qui se veut immersif.

vlcsnap-2014-12-30-16h02m43s97Par ailleurs, il ressort du concert la complicité artistique et humaine qui habite le groupe.

Indochine prend un plaisir monstrueux sur scène et ça se voit. La complémentarité est aussi belle à voir chez Indochine.

Au final, il s’agit d’un live très intéressant, ne serait-ce que parce qu’il immortalise une tournée mémorable à bien des égards.

vlcsnap-2014-12-30-16h07m04s93L’aspect cinématographique de cette tournée est très bien retranscrit, notamment à travers des images de la tournée en plein écran sur notre télévision, comme l’introduction ou des morceaux comme Wuppertal.

La durée du concert et le prix des places sont peut-être les seuls ingrédients qui n’étaient pas progressifs ni multidimensionnels sur la tournée puisque le groupe, qu’il joue à Mouilleron-le-Captif, au Stade de France ou au Palais 12, a donné la même générosité, joué aussi longtemps et n’a absolument pas augmenté ses marges quant au prix des places de concerts.

La proximité palpable entre les fans et le groupe est très bien illustrée dans ce live, rendant ainsi ce concert très humain, parfois intime, l’une des caractéristiques fortes pour Indochine.

vlcsnap-2014-12-30-16h10m19s57vlcsnap-2014-12-30-16h33m51s110vlcsnap-2014-12-30-16h12m29s104

vlcsnap-2014-12-30-16h10m30s175Le procédé technique était également voué à embrasser le public, au sens littéral du terme. La vidéo introductive de l’Aventurier, où Nicola nous “embrasse” ne peut pas mieux illustrer cette idée.

Screen 28 BelfastCertains diront que ce live est catastrophique, d’autres adoreront.

Finalement, on peut penser que la captation n’est, parfois, visuellement pas à la hauteur de la virtuosité technique déployée sur le Black City Tour.

Cela étant, ce live est surtout magistral, monumental, avec ses imperfections, avec son humanité.

IndoClips vous le certifie : Ce Black City Tour demeure incontournable parce qu’il représente bien cette tournée et ce qu’est le groupe : sincère, généreux et lumineux.

vlcsnap-2014-12-30-16h14m26s0vlcsnap-2014-12-30-16h00m11s98Guillaume et Vincent

Titre original et réalisation : Black City Tour, Hans Pannecoucke
Date de sortie d’origine : 1er décembre 2014
Durée : 2 heures et 40 minutes
Album : Black City Tour (2014)
Artiste : Indochine
Label : Indochine Records (P) 2014 pour Sony Music Entertainment France (C)

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