Le Stade de France ? Euh, c’est-à-dire ?

Introduction

Les 27 et 28 juin 2014, Indochine a convié la France entière dans sa plus grosse arène. Non content de mettre un – presque – point final à la tournée du Black City Tour devant pas moins de 120 000 personnes, ces soirées seront très certainement l’occasion de shows inédits et une belle manière de transformer l’essai de la première date du 26 juin 2010. Sans compter que l’on ne devrait plus revoir le groupe dans cette enceinte, même s’il ne faut jamais dire jamais avec Indochine.

La date du 27 juin affiche complet depuis longtemps, fruit d’une confiance que le groupe a su instaurer depuis longtemps avec les fans mais aussi avec un public plus large. Ces concerts seront l’occasion à la fois de le remercier, de conclure en apothéose cette vaste tournée mais également, on l’espère, de proposer un show totalement inédit puisque le dispositif du Black City Tour 2 et 3 ne pourra être transposé dans une telle configuration, qui se déroulera dans un stade, en extérieur.

Ne parlons pas météo, il est déjà assez inquiétant de se sentir totalement impuissant face à un tel paramètre. En tout cas, le groupe a tout envisagé : le soleil, la pluie, le vent, la neige, tout ! Les concerts auront lieu, quoiqu’il arrive.

Comment appréhender ce concert ? Le groupe aime à distiller des petits indices ici et là, notamment via les réseaux sociaux, que le groupe a toujours parfaitement su utiliser. Ces signaux peuvent prendre la forme de teasers ou d’images mystérieuses. Le groupe sait entretenir le suspens et soigner sa communication.

Pour ce genre d’évènement, les médias sont mis à contribution, la promo est de mise mais Indochine adore jouer avec les codes et sort toujours des sentiers battus.

Le fameux teaser que nous avons tous en tête est évidemment celui de la découverte de la belle-famille de Nicola ! Magistral coup de promo pour le Stade mais l’affaire est si réussie qu’elle a vraiment fait le tour des réseaux sociaux.

Mis en ligne et très vite identifié sous le hashtag #euhcestàdire, ce petit film d’une durée d’une minute et 27 secondes nous plonge au cœur de la vie privée de Nicola partant à la rencontre de ses beaux-parents. Moment délicieux et franchement drôle.

En regardant de plus près, quelques petits clins d’œil savoureux sont à souligner. Nicola, l’éternel adolescent se trouve dans la peau du « jeune homme » qui vient se présenter à la belle-famille. Dans un décor « banlieue chic » assumé, nous sommes plongés dans l’intimité du chanteur, souvent très fantasmée par les fans. Indo joue cette carte et s’en amuse.

Dans une famille assez traditionnelle, dont les parents ne peuvent faire que plus âgé que Nicola, nous découvrons le leader d’Indochine égal à lui-même, un peu timide, maladroitement habile et charismatique. Sentant l’épreuve, Nicola apparaît comme davantage stressé à l’idée d’affronter sa belle-famille plutôt que de jouer au Stade de France. Sous-entendu, le groupe assure, le show sera mené de mains de maîtres.

Personne ne semble savoir qui est vraiment Nicola, ce qu’il fait, juste qu’il chante. Moment hilarant lorsque son beau-père lui demande s’il ne rencontre pas trop de difficultés de fins de mois. Ou comment faire passer l’inquiétude du papa au premier plan sur la profession du gendre et lancer un pied-de-nez du groupe à quelques collègues trop gavés de la profession. Très bien vu.

Le cheminement est amusant, du tablier très spécial de Belle-maman en passant par la prise de conscience du petit frère de la présence incroyable de Nicola Sirkis chez lui. Ceci, après avoir parfaitement rempli son rôle d’ado en lâchant un « Ouais j’arrive... » quand sa maman lui demande de venir dire bonjour. Du vécu.

Il n’aura échappé à personne la petite musique qui résonne lorsque Nicola s’approche de Cyril, l’ado. Clin d’œil désopilant.

Nicola, poli, bouquet de fleur à la main est un acteur crédible, dans son propre rôle me direz-vous, mais quand même. Il joue d’ailleurs plusieurs rôles dans son même personnage, celui de l’anonyme courtois, du petit ado coincé qui va à la rencontre de sa belle-famille mais aussi celui qu’il maîtrise sans doute mieux : la rock star un peu gênée d’être démasquée par Cyril. Il conserve même ses réticences pour la consommation d’alcool et ses gestes bien à lui, notamment lorsqu’il annonce enfin à ses beaux-parents qu’il joue, mais pas dans les petits bars. Du Nicola pur jus. C’est drôle et jamais surjoué. C’est la force de ce petit film.

L’apothéose du film : la réponse du beau-père lorsque Nicola annonce que son groupe va jouer au Stade de France. « Euh, c’est-à-dire ?« 

Cette seule réplique suffit à révéler l’incroyable défi que cela représente pour un groupe de rock que de s’attaquer à l’Everest des concerts. Cela suffit aussi à faire monter la pression pour un double show qui s’annonce, d’ores et déjà, historique et mémorable.

Le message en filigrane réside aussi dans le fait qu’Indochine est avant tout un groupe de jeunes, et pour les jeunes esprits, parce que le seul qui reconnaît Nicola, c’est Cyril et non ses parents. L’inverse aurait tout aussi bien pu être crédible mais Indo se positionne de la sorte, tout comme Nicola aurait pu être le beau-papa et non le petit jeune dont la petite-amie le présente à ses parents. En même temps, l’adolescence est dans les gènes d’Indo et de Nicola.

Ce qui est certain, c’est qu’un tel petit film sera apprécié des jeunes, comme des moins jeunes. Indochine a le privilège de rassembler les générations, et il ne s’est pas privé d’installer Nicola au centre du jeu et de mettre en scène un film aussi efficace que rafraîchissant.

Une vidéo promotionnelle vraiment plaisante, innovante et assez subtile. Une communication soignée et réussie pour Indochine.

Plus le temps passe, plus le puzzle se construit, plus l’excitation monte et les spéculations reprennent, donnant sans cesse sens aux précédentes. Des photos annoncent des décors, des rumeurs de décor. Imaginez la Fernsehturm de Berlin reproduite au Stade, grandiose n’est-ce pas ? Patience, il reste quelques semaines d’attente…

Les infos distillés et la communication

Voici quelques images postées sur Instagram et Twitter

Photo publiée le 30 avril 2014 sur le compte Instagram de Nicola Sirkis

Photo publiée le 1er avril 2014 sur le compte Instagram de Nicola Sirkis

Photo publiée le 1er avril 2014 sur le compte Instagram de Nicola Sirkis

Spéculations sur le concert, ce qui devrait s’y passer

Les concerts donneront-ils la clé du mystère du logo de la tournée ? Ces 3 anneaux lumineux, en forme de stade. Pourquoi 3 anneaux ? On peut évoquer évidemment les différents « étages » du stade qui pourraient être encerclés de diodes lumineuses, comme pour mieux voir la magie depuis les étoiles, comme pour évoquer le serpent du Black City Tour, pénétrant dans la fosse pour embrasser le public et le plonger dans l’univers indochinois.

IndoClips a déjà eu l’occasion de développer son analyse sur le logo de la tournée, cette tri-dimensionnalité du Black City Tour au sein de l’analyse de Belfast, publiée sur le site. Ici, l’ultime étape illuminera ce concept elliptique dans l’enceinte du Stade.

Le Stade pourrait aussi se transformer en une véritable Black City Parade, une ville noire illuminée, au sein de laquelle le public serait directement immergé grâce au Mapping vidéo, cette technologie qui consiste à projeter de la lumière ou des vidéos sur des surfaces en volume pour les faire « vivre ». Cette technologie, très utilisée lors de la traditionnelle fête des Lumières de la ville de Lyon n’a pas encore exploité ses limites et semble plus que pertinente lors de concerts. Il ne faut cependant pas oublier qu’il fera encore jour lorsque le concert débutera.

On fait, quoiqu’il arrive, confiance au groupe pour installer une atmosphère intime et majestueuse. Ce dernier a toujours évolué au travers des avancées techniques et technologiques. Le dispositif scénique du Black City Tour constitue, d’une certaine façon, le prolongement de ce qui a été mis en place sur le Meteor Tour. Quel sera le prolongement pour le Stade ? La question reste ouverte mais tous les éléments de réponse seront très bientôt sous nos yeux…

On sait déjà que la scène sera très impressionnante, qu’elle sera « inédite de 80m de large et pénétrant sur la pelouse sur 50 m« , ce qui laisse augurer une proximité toujours plus grande avec le groupe. L’interactivité sera forte, le groupe a beaucoup travaillé pour que personne ne soit oublié. Nicola a promis que les spectateurs, quelque soit leur place dans le Stade pourraient profiter du spectacle d’une manière tout à fait privilégiée et très proche du groupe. On a hâte d’y être !

Le Stade vu du ciel

D’un point de vue technique, la première date d’Indochine au Stade de France, le 26 juin 2010, était un pari très risqué, un énorme coup de poker que le groupe a remporté haut la main. Une prestation technique impeccable, un show maîtrisé de A à Z, réglé comme du papier millimétré et surtout, un public conquis. Indochine a réussi le défi de rendre cette arène intime et humaine. Performance d’autant plus remarquable au regard des prestations médiocres que l’on a pu déjà observer dans cette même arène, à des prix prohibitifs.

Indochine a mené cette expérience d’une main de maître et l’omniprésence de Nicola s’est révélée primordiale, notamment concernant le son, l’emplacement du dispositif pour éviter de gêner la vue ou bien sûr, la disposition scénique. Les innombrables répétitions ont aussi permis cette performance même si l’on a pu regretter, après coup, un manque de prise de risque au niveau de la setlist. Il est certain qu’Indochine peut désormais se permettre de prendre quelques risques, dans son propre jardin, l’antre du rêve indochinois.

Il suffit de lire le dispositif mis en place pour tenter de comprendre l’importance d’un tel spectacle :

Pas moins de 120 000 personnes sont attendues les 27 et 28 juin à Paris pour ces Black City concerts. 57 semi-remorques qui achemineront les décors et la technique, plus de 700 techniciens mobilisés, 550m2 d’écrans, 450 m2 de surface mapping et 25 000 Watt de puissance de son. Sans oublier une scène inédite de 80m de large et pénétrant sur la pelouse sur 50 m, ainsi qu’une cascade d’effets spéciaux, ce qui laisse définitivement présager une fête énorme et deux nuits inoubliables.

« Avec le public que l’on a et ce qui s’est passé lors de notre premier stade en 2010, oui, on peut rendre des concerts dans un stade incroyablement émouvants et forts. Depuis un an nous préparons ces deux concerts, et que l’on soit sur la pelouse derrière devant près ou loin, le public entier du stade sera en communion » a déclaré Nicola Sirkis.

Les fans espèrent toujours une setlist hors du commun pour ce genre d’évènement, mais malgré quelques bonnes surprises espérées, les dispositifs techniques primeront sur « l’instant » et la setlist se doit d’être rodée depuis longtemps. C’est obligatoire, mais Indochine saura nous surprendre, à n’en pas douter. 

Quelques invités pourraient pointer le bout de leur nez, notamment Monsieur Jacques Dutronc, déjà espéré en 2010. Pour entonner l’Opportuniste en duo ? Nicola était récemment présent à ses côtés pour fêter l’anniversaire de ce dernier à la télévision, comme en témoigne cette photo postée par Nicola sur les réseaux sociaux.

Photo publiée le 30 avril 2014 sur le compte Instagram de Nicola Sirkis

Le groupe semble avoir la volonté d’aller encore plus haut, et ne pas se reposer sur ses acquis. Ce n’est d’ailleurs pas le genre de la maison indochinoise. S’ils maîtrisent désormais le Stade de France, ils peuvent se le permettre, et c’est visiblement leur souhait. Il ne devrait donc pas s’agir d’une transposition d’un concert du Black City Tour à l’échelle supérieure. Le show devrait entrer en mutation, tout comme il a évolué entre l’acte 1 et l’acte 2, tout en gardant une grande cohérence et une décharge émotionnelle forte, dont Indochine détient le secret depuis maintenant 33 ans !

Un immense rassemblement

Au-delà des concerts, il y a le rassemblement du public, à la fois messianique et festif. Le premier Stade était une sorte de congrès géant, au langage à la fois international, car de nombreuses nationalités étaient présentes, mais aussi au langage universel, celui d’Indochine, sa musique et ses valeurs.

Avant l’ouverture des portes, toute la journée, les fans se baladaient autour du stade, se retrouvant des 4 coins de la France, d’Europe, du Canada et même d’Amérique du Sud ! Les hauts-parleurs des bars alentours déversaient du Indochine à tout bout de champ. La bonne humeur était palpable et le soleil caressait les gens. Une sensation familiale enchantée et tolérante.

Nul doute qu’en 2014, la famille indochinoise devrait se réunir au grand complet pour fêter dignement ces deux nuits intimes indochinoises. Une fourmilière humaine s’activera, grandira, et petit à petit, s’avancera dans l’arène, dès l’ouverture des portes, et s’engouffrera dans le Stade. Moments d’adrénaline pour les fans, parfois source de tensions et d’excitations, source de plaisir et de récompense d’une longue attente puis de découverte de la scène, du dispositif. En attendant que la magie opère, comme toujours avec Indochine…

Vincent LALLIER et Guillaume TILLEAU

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